Les brasseries américaines pendant la prohibition

Si les Etats-Unis sont aujourd’hui une grande nation de bière et d’alcool, la prohibition a été, on s’en doute, une période de crise brassicole (entre autres).

Il y a un peu plus de 100 ans, le 16 janvier 1920, prenait effet aux Etats-Unis, le 18ème amendement, instituant ce qu’on appelle la période de la prohibition, petit coup d’oeil sur ce qui s’est passé pour les brasseries américaines à cette période.

Le fameux texte du 18ème amendement qui officialise la prohibition d’alcool aux Etats-Unis

La prohibition : d’où ça vient ?

Tout d’abord, cette période de prohibition est arrivée suite à des voix qui s’élevaient dans certains Etats à cause des ravages de l’alcool parmi la population. Le mouvement dit « de tempérance » (qui regroupaient des groupes comme La ligue Anti-Saloon SIC) imposa petit à petit ses idées et en 1919 fut votée une loi instituant l’interdiction de l’alcool.

L’évolution de l’alcoolique. Une illustration des ligues de tempérance montrant les dérives de l’alcool

Ratifiée début 1919, celle-ci prévoyait alors que dès 1920, la production, la vente et le transport de boissons alcoolisées seraient interdits, ainsi que l’import/export. Cet amendement à la constitution est complété par le Volstead Act qui précise un peu plus les choses.

Andrew Volstead qui donna son nom à la loi. Il a l’air vraiment cool.

L’alcool est alors devenu une denrée interdite, et l’imaginaire nous abreuve d’images de la mafia avec Al Capone ou des justiciers avec Eliot Ness. Ce n’est pas sur ce point que l’on va se pencher aujourd’hui, mais sur ce qui a pu se passer pour les brasseries américaines pendant cette période.

Survivre pendant la prohibition quand on est une brasserie

Imaginez un dry january imposé de 13 années. C’est ce que les Etats-Unis ont connu. Pour les brasseries, il a donc fallu s’adapter ou mourir.

Malgré les protestations des brasseries (notamment de la Wisconsin State Anti-Prohibition Association), la prohibition fut mise en place.

Points for everybody to consider. Facts which cannot be denied. Figures that don’t lie Author Wisconsin State Anti-Prohibition Association

On n’oubliera pas non plus que beaucoup de brasseries étaient tenues par des familles d’origine allemandes et que le sentiment à l’égard de nos voisins d’Outre-Rhin n’était pas folichon. Un point surprenant, qui a participé à la décision de mettre notamment un seuil de taux d’alcool très bas.

Sur près de 1300 brasseries, une centaine a survécu à cette crise. Parmi elles, ont retrouve Bapst, Busch ou encore Miller, dont les dirigeants ont su relever la barre. Rapide coup d’oeil sur quelques brasseries :

Busch (aujourd’hui Anheuser Bush) avait senti le vent tourner et avait développé quelques années auparavant une gamme de 25 softs qui lui permit de se maintenir.

Chez Anchor Brewing Company, on nous indique qu’on n’a plus de trace de cette période, que soit des activités légales ou illégales d’ailleurs ! Quoi qu’il en soit, l’activité de la brasserie est repartie après la fin de cette période.

Chez Pabst, on a fait des sirops de malt, loué de l’espace à Harley Davidson et on s’est lancé dans de la fabrication de fromage (du Wisconsin).

Chez Lion et d’autres, on s’est rendu compte que les installations pouvaient facilement servir à faire de la teinture (alors que selon des sources, quelques teinturiers devinrent fabricants illégaux d’alcool…).

Chez Schlitz, on a fait du soft, et du coup on a changé le slogan (puis re-changé au retour de la légalisation de la bière). The Beer That Made Milwaukee Famous > The Drink That Made Milwaukee Famous > The Beer That Made Milwaukee Famous.

Chez Yuengling, Saranac ou chez Pittsburg Brewing Co, on a fait de la glace et de la bière sans alcool (sous les 0,5 pendant cette période).

Chez Coors, on s’est mis à faire des produits pour les enfants (lait malté, sucreries), mais aussi… des poteries.

Chez Miller, les choses furent plus difficiles. Après une tentative de revente infructueuse en 1925, la société réussit à se maintenir grâce à ses affaires dans l’immobilier.

On n’ose pas imaginer la partie illégale et la contrebande, notamment chez les brasseurs maison qui ont du s’en donner à coeur joie puisque les autorités continuaient à saisir de la bière pendant cette période.

Le 18ème amendement a été finalement abrogé en 1933 par le 21ème amendement.

Je suis pas un chameau, je veux de la bière ! A savoir, il existe toujours un parti politique qui est favorable à la prohibition. Son emblème est… un chameau.

Sources pour aller plus loin :

https://en.wikipedia.org/wiki/Andrew_Volstead

https://www.mentalfloss.com/article/55157/how-breweries-kept-busy-during-prohibition

https://www.happybeertime.com/blog/2013/12/05/80eme-anniversaire-fin-prohibition

https://www.hagley.org/research/digital-exhibits/prohibition-breweries

https://prohibition.osu.edu/brewing-industry-prohibition

https://beerandbrewing.com/industries-that-breweries-turned-to-during-prohibition

https://www.history.com/news/brewers-under-prohibition-miller-coors-busch-yuengling-pabst

https://www.smithsonianmag.com/smart-news/how-some-breweries-survived-prohibition-180962754

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